L’objectif de cette séquence est de faire émerger chez les élèves des images, des gestes, des mots qu’ils associent aux émotions. Avant de montrer des œuvres d’artistes, avant de lire des albums sur les émotions, nous pouvons inviter les élèves à sonder leur propre intériorité et à rechercher les récits qu’ils se racontent, les images, les couleurs, les sensations qui suscitent des émotions en eux. À partir des traces de ce voyage intérieur, un premier lexique se forme, nous nous apercevons qu’une même image n’éveille pas la même émotion chez tous. Nous complétons ce travail par des écoutes musicales, des causeries (avec Les Petits philosophes chez Bayard, par exemple).

Dit comme cela, cela peut sembler compliqué, et pourtant, les consignes et les dispositifs sont très simples…

Des gestes et des émotions

Cette situation est la plus cadrée de la séquence. Il s’agit d’associer les émotions à des gestes et les élèves ont souvent besoin d’un guidage, voir d’une incitation claire de l’adulte (je suis en MS-GS). Comme toujours, nous nommons les gestes, comparons les effets. Je suis partie de différents matériaux :

  • Peinture et colère : je demande aux élèves quelques couleurs qui évoquent pour eux la colère. Sans outil, je leur demande de montrer leur colère avec la peinture… Explosif et salutaire !

  • Les papiers de la colère : je demande aux élèves ce qui les met en colère. Je l’inscris sur un papier, charge à eux de se défouler dessus et de montrer leur colère.

  • La pâte à modeler et la colère. Je distribue un morceau de pâte à modeler en demandant de se mettre très en colère après lui. Pas d’inquiétude : il n’aura pas mal !!

  • Peinture, collage, la tendresse… Nous demandons aux élèves quelles couleurs leur évoquent la tendresse en leur montrant toutes les nuances de gouache que nous possédons. Nous remarquons que les couleurs pastel évoquent bien ce sentiment. Les élèves en choisissent quelques unes et caressent le papier. Lorsque la peinture est sèche, ils ajoutent des matériaux qui donnent envie de les caresser parce qu’ils sont doux (je prépare une grande boîte avec des plumes, des formes en mousse, du tissus et quelques intrus : toile émeri, grillage… pour susciter le choix, la discussion).

 

  • Un geste calme : modeler pour dessiner. Lorsque j’ai demandé aux élèves ce qu’ils aimaient faire calmement, il m’ont répondu le dessin et le modelage. J’ai donc proposé un atelier de modelage en autonomie et certains élèves ont même cherché à évoquer le calme par les motifs qu’ils ont modelé. L’idée a plu, tout le groupe s’est mis à modeler des objets célestes :

 

  • Calme et couture. Je leur ai proposé un nouveau geste qui demande calme et concentration : la couture. D’abord, je leur ai demandé des images qui évoquent le calme et je les ai dessinés sur une feuille cartonnée : la musique, un mer paisible, la lune, un visage apaisé. Puis, ils ont poinçonné le dessin à intervalles réguliers, et enfin cousu un joli fil. Grand succès !

Atelier de peinture

L’objectif étant de faire émerger des images, des histoires qui évoquent des émotions aux élèves, la consigne est très ouverte : « peint quelque chose qui te fait penser à une émotion ». L’atelier est autonome, mais ensuite chaque élève est invité à dire quelle émotion il a choisi et à expliquer sa peinture. J’écris ce que dit l’enfant. Puis, lorsque tous les élèves sont passés autant de fois qu’ils le souhaitaient, nous avons utilisé les productions pour faire des tris et des comparaisons. L’atelier a eu tant de succès que la plupart des élèves ont réalisé deux voir trois peintures. Certaines émotions ont moins de succès (la peur, la tristesse), j’ai donc demandé des peintures en lien avec ces émotions lors d’un deuxième passage. En effet, ces productions sont de formidables supports de langage et je tenais à ce qu’elles soient variées. Uniquement avec les paroles et productions des élèves, nous avons pu évoquer de nombreuses questions autour des émotions.

Les larmes de peinture
Le rêve : c’est un robot
La joie de papa quand il rentre à la maison et que ce sont les vacances

Images et émotions

Un autre atelier avec une consigne très ouverte : « découpe les images qui te font penser à une émotion ». Je donne aux élèves des catalogues d’agence de voyage, des catalogues d’éditeurs jeunesse, des magazines. Ils font leur choix individuellement et en autonomie, puis nous mettons en commun, faisons des regroupements et collons ensemble les images qui leur évoquent la même émotion.

La joie
La tendresse

Émotions et œuvres d’art

Pour trouver des œuvres représentant des émotions, je me suis appuyée sur le livre Les émotions et les sentiments dans l’art, Des larmes au rire de Claire d’ Harcourt, au Seuil Jeunesse. Je les ai imprimées au format carte postale.

Lors d’un premier atelier, chaque élève choisit une œuvre. Il la dessine dans son carnet de dessin pour mieux l’observer et se l’approprier. Puis je lui demande les raisons de son choix, la nature de l’œuvre. Je l’aide à compléter sa première analyse.

Lorsque tous les élèves sont passés à l’atelier, nous découvrons le livre de Claire d’Harcourt, nommons les émotions, décrivons les œuvres.

Dans un second atelier, je donne individuellement aux élèves un tableau au format A3 représentant les émotions et je leur demande de trier les œuvres dans le tableau.

Réaliser un affichage

Toutes les productions ont été réalisés sur des carrés de feuilles à dessin de 21 cm de côté. Les mises en commun ont permis de faire des tris. Je présente aux élèves les productions que j’ai sélectionnées pour l’affichage (tous les élèves sont représentés et les productions me paraissent caractéristiques de ce que l’on a appris dans l’atelier). Je prépare des fonds noirs et nous trions les productions sélectionnées pour faire un affichage.