Objectifs :

  • Découvrir un nouveau matériau : l’argile
  • Expérimenter des techniques de modelage
  • Créer en volume

Niveaux : 

Tous les niveaux.

Un morceau de terre, et une foule de nouveaux apprentissages…

Offrir un morceau de terre aux élèves, c’est renouveler profondément leur expérience sensible. Explorer une nouvelle matière, découvrir ses propriétés qui changent au fur et à mesure qu’on la manipule : de très molle lorsqu’elle sort du plastique jusqu’à sèche et friable lorsqu’elle a été beaucoup manipulée. C’est un matériau qui réagit au modelage totalement différemment de la pâte à modeler que les élèves connaissent bien. La cuisson permet d’observer les transformations de l’argile, de découvrir le fonctionnement du four. De nouveaux gestes, de nouveaux outils vont permettre de faire des observations : modeler un visage n’a rien de commun avec dessiner un visage, les élèves vont rapidement s’en apercevoir.  Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le modelage de l’argile est simple, peu coûteux, les quelques objets nécessaires se récupèrent sans difficulté. L’argile se nettoie très bien, beaucoup plus facilement que la gouache, par exemple. Ce billet a pour but de donner des informations et des astuces pour utiliser l’argile en classe facilement et à un moindre coût et propose quelques idées de modelage en fonction de vos possibilités techniques.

Argile crue ou argile cuite ? 

Cela peut paraître étrange, mais la première question à se poser lorsque l’on veut faire de la terre avec les élèves est : vais-je la faire cuire ou non ? Cela conditionnera le choix de l’argile et les techniques employées. Outre la découverte des propriétés de l’argile, faire cuire les pièces, c’est permettre aux élèves de rentrer chez eux avec un objet solide qu’ils pourront garder longtemps. Mais attention à la casse au cours de la cuisson : pour que les pièces tiennent, il faut être attentif aux épaisseurs, aux collages et aux bulles d’air dans l’argile.

Comment faire cuire les pièces ? Près de votre école, il y a sans doute un centre social, une association qui propose des cours de poterie, renseignez-vous pour savoir si vous pouvez faire cuire des pièces. N’hésitez pas à contacter les céramistes et potiers de votre région car eux aussi peuvent tout à fait accepter de cuire vos pièces, moyennant un dédommagement pour l’énergie du four (on peut cuire au gaz, à l’électricité ou au bois) et le temps passé. Bien sûr, le coût est à voir avec eux. Si vous avez trouvé un lieu où faire cuire vos pièces, il est indispensable de connaître la température maximale du four pour faire le choix de votre terre. Certaines se cuisent à basse température (environ 800°C), d’autres à haute température (environ 1300°C). Je vous conseille d’utiliser la même terre que les utilisateurs habituels du four, ils sauront mieux guider la cuisson et pourront vous conseiller sur l’achat de la terre, le façonnage… Une autre possibilité est de rechercher un artiste qui travaille la céramique pour une intervention en classe. C’est une rencontre très riche pour les élèves et cela vous permettra de vous lancer si vous n’osez pas seul.

Vous ne pouvez pas cuire vos pièces ? N’ayez pas de regrets, l’argile crue est, certes, fragile, et souvent, c’est par le biais de la photographie que l’on garde des traces des productions, mais elle offre des explorations si riches d’apprentissages qu’elles méritent de se lancer. Dans ce cas, vous avez toute liberté de choisir votre terre (les couleurs et textures sont très variées), d’y associer d’autres matériaux (on peut faire du land art, par exemple : l’argile permet des assemblages très intéressants avec des récoltes faites dans les bois).

Le matériel : 

  • L’argile n’est surtout pas à acheter chez les fournisseurs de loisirs créatifs ou de beaux arts, son prix est irréaliste. Adressez-vous à un fournisseur spécialisé, vous serez surpris : l’argile est un matériau très bon marché qui se vend par pain d’au moins 10 kg. Voici deux fournisseurs qui livrent : ceradel et solargil. Je vous conseille de compter 1 à 2 kg par élève en fonction de votre projet pédagogique. En effet, si vous avez un projet précis (par exemple, sculptures, carreaux, perles, masques…), il est préférable, surtout si vous cuisez les pièces, de garder de la terre « neuve » pour votre projet.  L’autre partie de la terre sert aux élèves pour une première exploration libre.
  • Les outils. Le minimum : fabriquez-vous un fil à découper (très pratique pour partager les pains de terre) avec du fil de fer fin attaché à deux bouchons de liège ou deux petits morceaux de bois. En fonction des projets, d’autres outils sont intéressants. Pour réaliser des plaques : des réglettes de bois (tasseaux découpés) et des rouleaux permettent de réaliser des plaques d’épaisseur homogènes (pour faire des carreaux, des masques, un montage à la plaque comme la petite maison de la photo). De petits couteaux à beurre peuvent être utiles aux élèves pour couper. Des clous ou des piques en bois pour graver, signer. Des cordes, bouchons, tampons, pour laisser des empreintes… Si vous pouvez investir, l’outil professionnel le plus intéressant, je trouve, est la mirette qui permet d’évider pour modeler.
  • Transport/protection des tables : l’idéal est de faire découper des planches de médium fin dans un magasin de bricolage (les miennes font 30 cm de côté). Les élèves travaillent dessus, puis les planches servent à déplacer les modelages. Un morceau de carton peut suffire mais il faudra déplacer les pièces avec précaution. Le tissu pour protéger les table est intéressant, surtout pour le travail avec des plaques car il évite à la terre de coller. Pour retirer une pièce d’une surface lisse, le fil à couper est indispensable. Un petit conseil : faites-le vous-même… Pour emmener les pièces à la cuisson, des cageots seront utiles.
  • La barbotine se prépare en mélangeant la terre avec de l’eau pour obtenir une boue. Elle sert à coller deux morceaux de terre. Si on souhaite faire découvrir le collage, on en prépare un bol pour 6 enfants et on utilise des pinceaux brosse pour l’appliquer.
  • Et la couleur ? Vous pouvez choisir une terre colorée, mais si vous voulez ajouter de la couleur, différentes solutions sont possibles. Les émaux à cuire coûtent cher, on peut en appliquer sur tous les types de terre. Ils peuvent s’acheter auprès des fournisseurs professionnels. Une solution est de choisir une terre claire et de la peindre à la gouache une fois sèche (si on ne cuit pas) ou après cuisson.

Points techniques : 

Surtout si vous cuisez vos pièces, vous avez besoin d’un petit bagage de connaissances techniques pour faire travailler vos élèves. L’ennemi de la terre, surtout en cuisson, c’est l’air. Moins il y a d’air dans vos pièces, plus elles seront solides. Il faut d’abord malaxer la terre pour qu’elle soit souple et n’ait plus d’air. Les trous et micro fentes sont à éviter, il faut donc donner une certaine épaisseur aux pièces (environ 5 mm) et faire attention aux collages. Le collage est plus solide si l’on griffe les deux parties à coller avant de les enduire de barbotine pour les souder. Si l’on veut façonner un objet un peu haut, un temps de séchage de quelques heures est nécessaire pour rigidifier la base.

Par exemple, pour réaliser la petite maison qui est en photo, nous avons d’abord collé les plaques des murs le matin, puis le toit l’après-midi. Toujours lorsque l’on donne de la hauteur à un objet, on peut avoir besoin de renforcer sa structure à l’intérieur avec des colombins collés (voir ci-dessous la vidéo en lien).

Après avoir battu la terre et fabriqué des plaques épaisses (environ 3 cm obtenues grâce à des réglettes de cette épaisseur), faire creuser les élèves peut être une bonne manière de sculpter en bas relief et d’obtenir un objet relativement solide, même sans cuisson.

Voici une vidéo qui présente la technique des plaques, une vidéo où l’on utilise le colombin.

Démarches pédagogiques : 

  • Exploration : quels que soient vos objectifs ou votre projet, un temps d’exploration libre est indispensable. Il doit permettre de faire des remarques sensorielles : frais/tiède, souple/friable, mou/sec/dur. D’expérimenter des gestes : caresser, appuyer, griffer, rouler, creuser, pétrir,  étirer, graver… D’observer les empreintes laissées par la main à plat, les doigts, les ongles, les poings, la tranche de la main, les outils, des objets de la classe.
  • Projets : réaliser des carreaux de textures en fabriquant des petits plaques puis en les gravant ou en tamponnant différents objets. Réaliser des perles en formant des billes et en les perçant avec des clous, on peut les graver ou les peindre une fois sèches ou cuites. Modeler des corps à partir de gros colombins et de boules est accessible dès la petite section avec un peu d’aide. Si on ne les cuit pas, on peut fixer les parties du corps avec des piques en bois. Réaliser des sculptures de land art avec la récolte d’une sortie en forêt. Faire un petit pot ou une petite boîte à la plaque ou au colombin…